Depuis son admission à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la Chine s’est progressivement métamorphosée pour devenir un véritable géant du commerce mondial. Le pays asiatique, dont l’influence et la participation aux transactions commerciales internationales s’évaluent à plus de 30 %, n’a pas tardé à se voir attribuer le surnom d’usine du monde. Cette appellation s’explique notamment par l’importante production de matières premières, de denrées et de produits divers, et à moindre coût, dont le pays alimente les marchés mondiaux.
Toutefois, ces dernières années, la Chine semble de moins en moins vouloir assumer ce statut. On ne peut alors s’empêcher de se demander quel pays sera la nouvelle usine du monde si cette dernière fait en sorte de ne plus l’être.
Pourquoi la Chine pourrait ne plus être l’usine du monde ?
La perspective du remplacement de la Chine en tant qu’usine du monde est due à de nombreux changements récemment constatés. Il s’agit entre autres de :
- l’inflation salariale en Chine, qui entraîne une main-d’œuvre plus chère ;
- la guerre des taxes entre la Chine et les États-Unis ;
- la volonté annoncée de la Chine de fabriquer des produits haut de gamme et de miser sur l’économie intérieure ;
- la crise sanitaire liée au coronavirus, qui a entraîné une crise économique majeure et fait prendre conscience à l’Occident de sa trop grande dépendance vis-à-vis de la Chine ;
- etc.
Quels pays pour éventuellement remplacer la Chine ?
Dans un contexte où la Chine veut miser sur la consommation intérieure, les pays potentiellement capables de lui suppléer dans le rôle d’usine du monde sont relativement nombreux.
Les pays d’Asie du Sud-Est
Les principaux candidats à la succession de la Chine au rang d’usine du monde sont ses voisins asiatiques qui connaissent, de l’avis des économistes, une émergence significative. À ce titre, le Bangladesh, le Vietnam et le Cambodge arrivent en tête de liste. Ils ont été notamment plébiscités pour l’essor considérable de leur secteur manufacturier, surtout ces deux dernières décennies, mais aussi pour leur ouverture commerciale et leur coût salarial relativement bas. Le Bangladesh, en l’occurrence, a pu se hisser à la deuxième place des pays qui exportent le plus de vêtements bon marché au monde. Pendant ce temps, le Vietnam apparaît comme une sérieuse alternative à la Chine en tant que producteur de textile et de chaussures.
L’Inde vient compléter la liste avec son milliard d’habitants, offrant ainsi une grande richesse en main-d’œuvre, sans compter les 6,6 milliards d’investissements que le pays est prêt à débourser pour attirer les grands constructeurs du domaine de l’électronique. D’autres pays sont aussi pressentis pour remplacer la Chine en Asie, comme l’Indonésie, le Myanmar, le Sri Lanka ou encore le Pakistan.
Les pays d’Europe centrale et orientale
Même si les pays asiatiques sont à ce jour les plus susceptibles d’assurer la succession de la Chine, certains pays d’Europe sont de potentielles cibles de la relocalisation et de la repolarisation de la production manufacturière mondiale. Le premier pays qui semble en avoir le potentiel est la Pologne, où le salaire moyen est beaucoup moins élevé qu’en Europe de l’Ouest. Les autres pays européens capables de devenir les nouveaux repères des fournisseurs internationaux sont entre autres :
- la Roumanie ;
- la Slovaquie ;
- la Lituanie ;
- la Lettonie ;
- l’Estonie.
Ces pays ont pour argument principal celui d’avoir un réseau d’infrastructures modernes, dans lequel règle un climat d’affaires stables et où des avancées significatives en matière de formation ont été constatées (grâce en partie à la digitalisation et à la robotisation qu’ils connaissent). En outre, la plupart de ces pays bénéficient de la plus-value que représente le fait d’appartenir à l’Union européenne.
Des pays d’Afrique
Avec une population déjà nombreuse, et qui s’annonce plus importante encore dans les prochaines décennies, l’Afrique pourrait offrir des conditions intéressantes pour remplacer la Chine comme usine du monde. Parmi les pays considérés comme capables de tenir ce rôle, on retrouve notamment l’Éthiopie.
Avec la multiplication d‘usines chinoises observées sur son territoire, le pays a, selon certains spécialistes, de fortes chances d’être le successeur désigné par la Chine elle-même. Le textile et les produits électroniques « made in China » sont notamment appelés à devenir du « made in Ethiopia » sous peu, surtout si le pays continue d’offrir les conditions nécessaires.
Néanmoins, l’Éthiopie offre d’ores et déjà de grandes opportunités pour le développement d’une industrie mondiale. En témoignent sa population de plus de 90 millions d’habitants majoritairement jeunes, son taux de chômage ambiant de 50 % et son niveau de vie peu élevé. Ces caractéristiques rappellent grandement celles de la Chine avant son essor.
De plus, le pays offre une main-d’œuvre relativement abondante, certes peu qualifiée, mais capable d’être exploitée, notamment dans le domaine du textile, où le pays possède un certain savoir-faire du fait de l’occupation italienne.
D’autres pays africains pourraient toutefois devenir la nouvelle Chine, comme le Maroc et la Tunisie.
La Turquie et les pays du Moyen-Orient
Avec sa volonté exprimée d’imiter le modèle chinois en termes de production de biens à moindre coût, la Turquie se positionne elle aussi pour remplacer la Chine en tant qu’usine du monde. À cet effet, le pays compte miser sur sa proximité avec les marchés européens, et sur sa politique du crédit bon marché en vigueur depuis quelques années.
Par ailleurs, des pays du Moyen-Orient, à l’instar de l’Iran et de la Jordanie, sont vus comme de potentiels remplaçants. Toutefois, ce sont leurs récentes relations avec la Chine, dans le cadre de la nouvelle route de la Soie, qui les positionnent comme de potentiels candidats.
Une nouvelle Chine pour remplacer la Chine « usine du monde »
Bien que la Chine veuille se départir de son statut d’usine du monde, ses potentiels remplaçants n’offrent pas de grandes assurances pour tenir ce rang. Dès lors, le géant asiatique se repositionne comme candidat à sa propre succession.
En effet, malgré la délocalisation de nombreuses multinationales de la Chine, cette dernière reste un important pourvoyeur de main-d’œuvre. Pour impulser son nouveau modèle économique, le pays devra continuer à compter sur lui-même, de même que le reste du monde. Par contre, la main-d’œuvre, tout comme le rythme de production, pourrait subir les changements induits par la technologie et les robots industriels.