La Chine est le premier producteur et exportateur mondial de textiles, offrant une grande variété de produits allant des vêtements aux chaussures. Malgré sa main-d’œuvre qualifiée, ses coûts de production compétitifs et ses infrastructures logistiques développées, le secteur textile chinois doit faire face à des défis sociaux, environnementaux et commerciaux.
Pour relever ces défis, la Chine cherche à monter en gamme, adopter l’Industrie 4.0 et respecter les normes RSE. Le label Green Button, lancé en 2009, est un exemple de l’engagement de la Chine envers des normes environnementales dans la production de vêtements. Cet article examine les enjeux, les opportunités et les défis associés au label Green Button pour l’industrie textile chinoise.
Qu’est-ce que le label Green Button ?
Le label Green Button est un label environnemental chinois lancé en 2009 par le ministère chinois de l’Industrie et des Technologies de l’Information. Son objectif est de contrôler et de valider le respect des normes environnementales dans la production de vêtements en Chine. Il certifie la gestion environnementale des usines de fabrication ainsi que les matières utilisées dans la confection des textiles.
Le label Green Button se base sur des critères tels que la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la préservation de la qualité de l’air et de l’eau, la conservation des ressources naturelles et la protection de la biodiversité. Il s’inspire de normes internationales telles que la norme ISO 14001 pour la gestion environnementale, la norme Oeko-Tex 100 pour l’absence de substances nocives dans les textiles et la norme Global Organic Textile Standard (GOTS) pour les textiles biologiques.
Le label Green Button propose trois niveaux de certification, en fonction de la performance environnementale des produits textiles : le niveau A correspond à une production écologique de haut niveau, le niveau B correspond à une production respectueuse de l’environnement, et le niveau C correspond à une production conforme aux exigences légales, mais de performance environnementale plus basse.
Objectifs du label Green Button
Le label Green Button a pour objectif de réduire l’impact environnemental du secteur textile chinois en favorisant l’utilisation de technologies propres et en encourageant l’utilisation de matières recyclées et biosourcées. Le secteur textile chinois est le premier consommateur d’eau et le deuxième émetteur de CO2 du pays.
Selon une étude de l’Institut français de la mode, en 2018, le secteur textile chinois a consommé 29 milliards de mètres cubes d’eau, soit l’équivalent de 11 600 litres par habitant. De plus, il a émis 3,2 tonnes de CO2 par habitant en 2018, dépassant ainsi la moyenne mondiale de 2,8 tonnes. Ce secteur utilise également des quantités importantes de produits chimiques qui peuvent être nocifs pour la santé des travailleurs, des consommateurs et pour l’environnement.
D’après une étude de Greenpeace, en 2018, le secteur textile chinois a rejeté 2,5 millions de tonnes de produits chimiques dans l’eau, dont certains sont classés comme cancérigènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction. Le label Green Button vise donc à promouvoir une production textile plus respectueuse de l’environnement et de la société, en accord avec les principes du développement durable.
Il encourage les industriels à adopter des technologies propres afin de réduire la consommation d’eau et d’énergie, de limiter les émissions de gaz à effet de serre, ainsi que de traiter les eaux usées et les déchets. De plus, il encourage l’utilisation de matières recyclées et biosourcées, qui réduisent la dépendance aux ressources non renouvelables telles que le pétrole, le coton ou la laine, tout en préservant la biodiversité avec des matériaux tels que le bambou, le chanvre ou la soie.
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Processus de certification Green Button
Le processus de certification Green Button implique un audit des usines de fabrication, le respect des normes en matière de gestion des déchets, d’énergie et d’eau, ainsi que la validation d’un processus de production durable.
L’audit des usines de fabrication est réalisé par des organismes indépendants chargés de vérifier la conformité aux exigences du label Green Button en matière de gestion environnementale, de contrôle des émissions, de traitement des eaux usées, de recyclage des déchets, etc. Cet audit repose sur des documents fournis par les industriels, tels que les permis d’émission, les rapports d’analyse, les certificats de conformité, etc. Il comprend également une visite sur site afin de vérifier les installations, les équipements, les procédures et les pratiques des usines de fabrication. À la fin de l’audit, un rapport est établi pour indiquer le niveau de performance environnementale des usines de fabrication, ainsi que les éventuelles non-conformités ou recommandations.
Le respect des normes en matière de gestion des déchets, d’énergie et d’eau est évalué par le biais de tests en laboratoire mesurant la quantité et la qualité des ressources consommées, ainsi que des rejets produits par les usines de fabrication. Ces tests se basent sur des échantillons prélevés sur les matières premières, les produits finis, les eaux usées, les déchets solides, etc. Ils se réfèrent aux normes nationales et internationales fixant des seuils maximaux pour les paramètres physiques, chimiques et biologiques tels que la température, le pH, la demande chimique en oxygène, la concentration en métaux lourds, etc. À la fin des tests, un rapport est établi pour indiquer le niveau de conformité des usines de fabrication aux normes en matière de gestion des déchets, d’énergie et d’eau.
La validation d’un processus de production durable est réalisée par une analyse du cycle de vie des produits textiles, prenant en compte les impacts environnementaux à chaque étape, de la culture des matières premières à la distribution des produits finis. Cette analyse du cycle de vie repose sur des données collectées auprès des industriels, telles que les quantités de matières premières, d’énergie, d’eau, de produits chimiques, de transport, etc. Elle se réfère aux méthodes internationales permettant de calculer les indicateurs environnementaux tels que la consommation de ressources, les émissions de gaz à effet de serre, la toxicité, l’écotoxicité, etc. À la fin de l’analyse du cycle de vie, un rapport est établi pour indiquer le niveau de durabilité des produits textiles, ainsi que des pistes d’amélioration.
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Entreprises chinoises labellisées
De nombreuses entreprises chinoises ont obtenu le label Green Button, qui atteste de leur engagement en faveur de l’environnement et de la qualité de leurs produits textiles.
Parmi elles, on peut citer des grandes marques telles qu’Anta, Li Ning et JNBY, leaders du marché du sportswear et du prêt-à-porter en Chine. Ces marques proposent des collections utilisant des matières recyclées, biosourcées et innovantes, comme le polyester recyclé à partir de bouteilles en plastique, le coton biologique certifié GOTS ou encore la fibre de bambou, à la fois douce, respirante et antibactérienne. Il convient également de mentionner des sous-traitants de premier plan, tels qu’Esquel, Shandong Ruyi et Youngor, fournissant des marques internationales telles que Nike, Adidas, Hugo Boss et Lacoste.
Ces entreprises ont investi dans des technologies propres, leur permettant de réduire leur consommation d’eau et d’énergie, de traiter leurs eaux usées et leurs déchets, ainsi que de contrôler leurs émissions de gaz à effet de serre. Enfin, il est important de souligner le rôle des filatures et des tisseurs innovants, qui utilisent des matières recyclées, biosourcées ou technologiques, comme le coton biologique, le polyester recyclé, la fibre de bambou ou encore la fibre optique.
Ces entreprises sont à la pointe de la recherche et du développement, offrant ainsi des solutions originales et durables pour le secteur textile. Par exemple, la société Texhong, basée à Shanghai, a développé une fibre optique qui change de couleur en fonction de la température, de la lumière ou du son, et qui peut être utilisée pour créer des vêtements interactifs.
Impacts et résultats
Le label Green Button a apporté des avantages considérables aux industriels du secteur textile chinois. Non seulement ils ont réalisé des économies d’eau et d’énergie, mais ils ont également amélioré la transparence de leurs pratiques environnementales et gagné la reconnaissance des grandes enseignes internationales.
Selon une étude du ministère chinois de l’industrie et des technologies de l’information, les entreprises labellisées Green Button ont réussi à réduire leur consommation d’eau de 30% et leur consommation d’énergie de 20% entre 2009 et 2019. De plus, elles ont publié des rapports annuels sur leur performance environnementale, disponibles au public sur le site du label Green Button.
Ces actions ont permis aux entreprises de renforcer leur image de marque et d’accroître leur compétitivité sur le marché international. En répondant aux attentes des consommateurs et des distributeurs étrangers, de plus en plus sensibles aux enjeux du développement durable, elles ont su se démarquer. Un exemple concret est celui de la marque Anta, choisie par le Comité olympique international pour fournir les tenues officielles des Jeux olympiques d’hiver de Pékin en 2022. En utilisant des matières recyclées et certifiées Green Button, Anta a su concilier performance et durabilité.
Limites actuelles
Cependant, le label Green Button présente actuellement certaines limites qui peuvent réduire son efficacité et sa crédibilité. Tout d’abord, il souffre d’un manque de reconnaissance en dehors de la Chine, où il est peu connu et peu valorisé par les consommateurs et les médias. En effet, le label Green Button n’est pas encore harmonisé avec d’autres labels environnementaux existants, tels que l’EU Ecolabel, le Nordic Swan ou le Blauer Engel, qui bénéficient d’une plus grande reconnaissance et d’une rigueur accrue.
De plus, il ne couvre pas tous les aspects de la filière textile, se concentrant uniquement sur les usines de fabrication, sans prendre en compte les impacts des matières premières, du transport ou de la fin de vie des produits. Par exemple, le label Green Button ne garantit pas l’utilisation de coton issu de l’agriculture biologique, ni l’optimisation du transport pour réduire les émissions de CO2, ni la recyclabilité ou la biodégradabilité des produits.
Enfin, les critères du label Green Button sont insuffisamment exigeants et ne garantissent pas le respect des normes internationales les plus strictes en matière de protection de l’environnement et des droits de l’homme. Par exemple, il autorise l’utilisation de produits chimiques dangereux tels que le formaldéhyde, le nonylphénol ou le phtalate, qui sont interdits ou limités par d’autres labels tels que l’Oeko-Tex 100 ou le GOTS.
De plus, le label Green Button ne vérifie pas le respect des conventions de l’Organisation internationale du travail en matière de conditions de travail, de salaire minimum ou de liberté syndicale, qui sont pourtant essentielles pour garantir une production textile éthique et responsable.
Perspectives d’évolution
Le label Green Button évolue pour répondre aux nouvelles tendances et attentes du secteur textile. Il envisage de s’aligner sur l’écolabellisation européenne, reconnue et rigoureuse, en adoptant les mêmes critères et méthodes d’évaluation. De plus, il souhaite élargir son champ d’action à toute la chaîne logistique, y compris les fournisseurs de matières premières, les transporteurs et les distributeurs, afin d’assurer une traçabilité complète des produits textiles.
Le label Green Button renforcera également ses exigences en matière de rejets et de traçabilité, en limitant l’utilisation de produits chimiques dangereux, en imposant des seuils plus bas d’émissions de CO2 et en utilisant des technologies telles que la blockchain pour garantir l’origine et la qualité des produits textiles.
Son objectif est de devenir une référence en matière de qualité environnementale pour le textile chinois, répondant ainsi aux besoins des consommateurs, des distributeurs et des régulateurs, tout en contribuant à la transition écologique et sociale du secteur.
