Face aux défis sans précédent qui se dressent sur la route des entreprises industrielles, la question du sourcing de matières premières est redevenue un enjeu stratégique majeur. Qu’il s’agisse de sécuriser durablement leurs chaînes d’approvisionnement ou de préparer la transition vers une économie plus durable, les industriels se doivent de repenser en profondeur leurs stratégies d’achat de ces ressources essentielles à leur activité.
Panorama des marchés de matières premières
Prenons d’abord un peu de hauteur sur ces fameux marchés des matières premières qui couvrent en réalité un large éventail de produits. Des métaux lourds comme le fer, le cuivre ou l’aluminium si indispensables aux secteurs de la construction, de la métallurgie ou de l’électronique. Des ressources énergétiques non renouvelables comme le pétrole, le gaz naturel ou le charbon, que nos économies consomment toujours en quantités massives malgré les efforts en cours de transition. Mais aussi des minerais aux applications multiples comme la bauxite ou la potasse, sans oublier les innombrables produits agricoles et forestiers comme le coton, le caoutchouc naturel ou le bois d’œuvre.
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Des risques majeurs sur l’approvisionnement
Si ces marchés de matières premières représentent une part substantielle des coûts de production de la plupart des industries, ils sont aussi devenus ces dernières années des poudrières à haut risque en termes de sécurité d’approvisionnement. Les entreprises ont en effet été confrontées à une succession de crises sans précédent par leur ampleur et leur simultanéité : une flambée des cours mondiaux sous l’effet de tensions géopolitiques majeures, des risques de pénuries et de raréfaction de certaines ressources jugées stratégiques, un durcissement des réglementations environnementales, sans parler des perturbations logistiques à répétition dans de nombreux pays producteurs instables.
Stratégies déployées pour sécuriser les approvisionnements
Face à cette conjonction de menaces d’une rare intensité, les acheteurs de matières premières ont dû se réinventer pour sécuriser coûte que coûte l’approvisionnement de leurs usines. Diversification massive des sources d’achats et des fournisseurs pour ne plus dépendre d’une seule région, négociation de nouveaux contrats-cadres de long terme plus protecteurs, exploration de zones géographiques jusque-là délaissées, gestion optimisée des stocks avec systèmes d’analyse prédictive… Toute la panoplie a été déployée pour tenir la menace à distance.
L’impératif du développement durable
Mais au-delà de la gestion des risques opérationnels à court terme, les professionnels du sourcing ont aussi dû intégrer une nouvelle donne de long terme : l’impératif du développement durable. Entre la pression citoyenne, la menace de lourdes sanctions financières ou encore l’épuisement programmé de certaines ressources naturelles, le sourcing responsable n’est désormais plus une option mais une obligation incontournable.
Vers un sourcing éthique et écologique
Cela s’est traduit par une refonte en profondeur des process pour privilégier le sourcing éthique auprès de fournisseurs respectueux des normes sociales, minimiser systématiquement l’impact environnemental des achats, favoriser l’économie circulaire et le recyclage, voire explorer des pistes de matériaux alternatifs comme les bioressources issues de l’agriculture. Un défi de taille tant les chaînes d’approvisionnement mondiales sont complexes avec des milliers d’intervenants à chaque maillon.
Des pionniers mais beaucoup reste à faire
Si certaines entreprises pionnières ont déjà accompli des progrès notables sur le chemin du sourcing durable, avec par exemple des programmes ambitieux d’achat de produits certifiés localement ou une diversification réussie de leurs sources d’approvisionnement stratégiques, beaucoup reste encore à faire pour transformer l’essai à l’échelle industrielle.
Perspectives d’avenir sous contraintes
L’avenir nous réserve sans doute de nouveaux bouleversements, avec l’exploitation future des nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle, la blockchain ou l’internet des objets pour améliorer toujours plus la traçabilité des matières. Une réinvention complète des chaînes de valeur et des modèles économiques pour plus de circularité et de résilience. Mais aussi et surtout, une collaboration renforcée entre les sphères publiques et privées pour une gouvernance responsable et partagée de ces précieuses ressources naturelles.
Un enjeu stratégique pour la compétitivité future
Dans ce monde sous fortes contraintes, les entreprises n’auront d’autre choix que de poursuivre leur transformation pour un sourcing de matières premières plus vertueux, plus local quand cela est possible, plus sobre et circulaire. Une véritable rupture dans leur manière d’appréhender ces marchés, non plus comme une simple variable d’ajustement des coûts, mais comme un enjeu stratégique décisif pour leur compétitivité future dans une économie en pleine mutation vers un nouveau modèle de développement soutenable.
