En affaires, et surtout dans un contexte de mondialisation comme le nôtre, il est important d’avoir en tête un panorama complet de ce qu’une collaboration avec un pays étranger comme la Chine implique.
L’un des pans à prendre en considération est l’état des lieux, mais aussi l’historique, des relations commerciales et diplomatiques entre les deux pays.
Voici un condensé de ce que tout entrepreneur désireux de faire affaire avec l’Empire du Milieu devrait au minimum savoir concernant les relations commerciales Chine/France.
Historique des relations commerciales entre la Chine et la France
S’il fallait remonter aux prémices des relations commerciales entre l’Asie et l’Europe, il faudrait alors sans doute commencer par la Route de la Soie dont les plus anciennes voies datent d’une paire de milliers d’années avant notre ère.
Puis, parce que nous sommes quelque peu chauvins, nous ferions un saut au XVe siècle, époque à laquelle la noblesse française admirait la porcelaine chinoise tandis que les Empereurs chinois collectionnaient les émaux de Limoges.
Mais concentrons-nous sur des faits plus contemporains.
Début du XXe siècle – années 70
Selon les historiens, les relations entre la Chine et la France sont amorcées en 1913, date à laquelle le gouvernement français reconnaît la République de Chine.
Cependant, après une période d’intenses échanges diplomatiques et économiques, la relation entre les deux pays se dégrade après la Seconde Guerre mondiale lorsque Mao Zedong proclame la République Populaire de Chine le 1er octobre 1949.
Le 27 janvier 1964 à midi, un communiqué est publié simultanément à Paris et à Pékin : le gouvernement de la République française [Charles de Gaulle] et le gouvernement de la République populaire de Chine ont décidé, d’un commun accord, d’établir des relations diplomatiques.
À partir des années 1970, les deux nations établissent des relations dans l’industrie aéronautique et de défense. La France exporte notamment des sonars à la marine chinoise, ainsi que des hélicoptères.
Après la guerre froide
Après les tensions provoquées entre les deux pays par les manifestations de la Place de Tian-anmen en 1989, la France et la Chine établissent un partenariat stratégique global en 1997, affirmant ainsi leur désir de renforcer leurs relations diplomatiques, commerciales et culturelles.
Quelques années plus tard, en 2001, la Chine devient le 143 ème pays membre de l’OMC.
Les premières années de l’Empire au sein de l’OMC sont marquées par un excédent commercial record pour la Chine qui dépasse les 28 milliards de dollars en 2008. Le PIB du pays connaît une croissance de +12%, malgré la crise mondiale des subprimes (Source : Les Echos).
En 2008, les manifestations pro-tibétaines lors du passage de la flamme olympique contribuent à accentuer le déficit (lequel atteint 26 milliards d’euros) et dégradent, dans le même temps, les relations diplomatiques sino-françaises.
Ces dernières années …
En 2019, après quelques efforts mutuels pour renouer les liens brisés, l’entreprise aérienne chinoise (CASC) et Airbus signent un accord commercial pour l’achat de 290 Airbus A320 et 10 Airbus A350 XB.
Puis, pendant le Covid, comme chacun le sait, le déficit entre la Chine et la France s’est creusé davantage encore. La Chine est d’ailleurs devenue pour la première fois le premier partenaire commercial de l’UE devant les États-Unis avec 586 milliards de dollars d’échanges (import et export).
Plus récemment, l’Accord global sur les investissements UE-Chine (CAI) vise à consolider les échanges bilatéraux, et notamment à mettre sur un pied d’égalité les entreprises européennes implantées en Chine en matière d’investissements et de propriété intellectuelle. Cet accord est, après plus de 7 ans de négociations, toujours en pourparler.
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Vous l’aurez compris, les relations commerciales entre la Chine et la France sont inéquitables… Depuis plus de 20 ans, la France est en déficit. Entre 2019 et 2020, le déséquilibre est passé de 5,7 à 27,2 milliards d’euros. (D’après les chiffres communiqués par la DGDDI).
Commerce entre la Chine et la France : secteurs porteurs
En 2018, la France et la Chine signent 50 accords de coopération bilatérale couvrant l’agriculture, l’énergie nucléaire, l’aviation, la finance et le commerce. En 2019 cet accord est élargi aux secteurs de l’aérospatiale et de la biomédecine.
Malgré un ralentissement substantiel, le volume de commerce bilatéral entre la France et la Chine reste positif : +15,5% en 2018, +4,2% en 2019 et 1,6% en 2020.
Les produits exportés depuis la France vers la Chine
En 2020, la France détient 1,5% de parts de marché en Chine (contre 1,6% en 2019).
L’industrie aéronautique est le premier pôle d’exportation vers la Chine. En effet, les Airbus et les moteurs d’avion constituent près d’un tiers des ventes françaises à la Chine faisant de la France le deuxième fournisseur après les Etats-Unis. En 2021, la France a livré près de 142 appareils contre 99 en 2020, soit une croissance de 30%.
L’émergence d’une nouvelle classe moyenne chinoise combinée aux restrictions de sortie du pays dans le cadre de la politique zéro-Covid, contribuent à alimenter la demande en maroquinerie, en parfumerie et cosmétique de luxe, ainsi qu’en vins et spiritueux. À ce sujet, la France devient d’ailleurs le premier fournisseur de vins de la Chine (+34% en 2021).
Les produits agroalimentaires (8e rang mondial) comme la viande de bœuf et les céréales constituent également une part importante des ventes, bien qu’elles soient irrégulières. Le secteur de la chimie et de la pharmacie sont également bien portants puisque la France occupe le 4e rang, derrière l’Allemagne, les Etats-Unis et l’Irlande.
Les produits importés depuis la Chine vers la France
En 2021, les importations françaises de biens chinois ont largement progressé : +12,8%, soit 63,6 Md€.
En cause, la hausse des achats de produits informatiques et électroniques comme les ordinateurs (+18,2%) et les smartphones (+7,4%). Par ailleurs, la reprise de la consommation post Covid des ménages français a permis de booster l’importation d’articles de sport, de jouets, de meubles et d’électroménagers.
Mentionnons également la hausse des achats en ligne pendant la période de confinement qui contribue également à l’augmentation des importations made in China, que ce soit directement via une plateforme chinoise telle que Alibaba ou bien via Amazon, site où les produits fabriqués en Chine abondent.
Relations commerciales et investissements Chine/France
Outre par les échanges, la relation commerciale France/Chine s’est également construite au gré d’investissements financiers sur les sols respectifs.
Les investissements français en Chine
La France est le premier investisseur européen sur le territoire chinois avec plus de 27 Md€ investis en 2020. En effet, plus de 2100 entreprises tricolores sont implantées depuis 2019 au sein de l’Empire du Milieu. Cependant, les Allemands occupent la première place en termes de chiffre d’affaires. (Source : Gouvernement français).
Les investissements (100% français ou en collaboration avec un partenaire chinois) sont répartis sur plusieurs secteurs : agroalimentaire, industrie, transports, urbanisation, grande distribution et services financiers.
La présence française en Chine aurait permis la création de plus de 445 000 emplois.
Les investissements chinois en France
À l’image du déséquilibre qui marque les échanges bilatéraux entre la Chine et la France, les investissements chinois au sein de l’hexagone sont largement inférieurs aux investissements français. Ceux-ci s’élèveraient en effet à 3,4 Md€ pour l’année 2020 (contre 2,7 Md€ pour les investissements français).
Bon à savoir …
Selon le gouvernement français, ce chiffre (3,4 Md€) est sans doute sous-estimé du fait qu’il ne prend pas en compte certains investissements chinois, effectués par des voies opaques (paradis fiscaux, sociétés écrans, etc.) On estime ainsi qu’en réalité, les investissements chinois en France s’élèvent à plus de 8Md€.
En 2020, la Chine investit dans 53 projets, permettant ainsi la création de 1697 emplois. (Source : rapport du gouvernement)
Les relations commerciales sino-françaises : le mot de la fin
La Chine et la France, malgré leurs différences politiques et culturelles, alimentent une relation commerciale stable et pacifique.
Certes, la France achète plus que ce qu’elle ne vend. L’usine du monde propose des produits bon marché, de plus en plus sophistiqués et novateurs… Ce qui attire naturellement les importateurs français ! D’autant que les moyens logistiques, à l’instar du projet “La Ceinture et la Route” (ligne de chemin de fer reliant la Chine à l’Europe) sont toujours plus économiques, toujours plus rapides, toujours plus sûrs, et même écologiques !
Bien que le made in France gagne du terrain, il faut reconnaître qu’il est difficile de lutter contre de tels avantages. Et, selon nous, il n’y a pas matière à s’en priver.
Aujourd’hui de plus en plus d’usines chinoises sont en mesure de garantir des conditions de travail correctes, alignées sur les standards européens. Il est également possible de fabriquer à grande échelle et à moindres coûts tout en respectant l’environnement. Sans mentionner le fait que les fabricants chinois sont désormais capables d’élaborer des produits techniques et sur mesure.
Pour cela, il s’agit de s’entourer d’une équipe qualifiée, désireuse d’instaurer une relation durable et gagnant-gagnant entre l’importateur français et le fabricant chinois.